Préparer ses observations

Je vous présente ici quelques notions générales concernant la préparation de vos observations. Par la suite, je ferai des articles plus complets sur les différentes parties que je ne fais que survoler ici.

Il est bien rare que l'on puisse observer depuis chez soi, soit parce que l'on habite en ville dans un endroit inondé de lampadaires soit parce qu'on a pas la place ou l'orientation voulue, un balcon orienté au nord, par exemple qui offre peu de possibilités.

Il est donc nécessaire de bien lister son matériel pour être sûr de ne rien oublier. Quoi de plus rageant que de faire 15 km pour s'apercevoir, une fois arrivé sur le site, qu'on a oublié les oculaires, ou sa lampe rouge ou tout autre accessoire aussi essentiel. Et même si on est chez soi, on risque de « ruiner » sa vue en rentrant dans une pièce pleine de lumière (ben oui, il n'y a que les astronomes qui vivent leur nuit à la lumière rouge)…

Je ne vous ferai pas une liste exhaustive, ça dépend de votre matériel. J'ai fait un article (ici lien ou elle se trouve) ou je donne une liste des accessoires indispensables pour une observation confortable. Ne vous inquiétez pas, il vous arrivera sûrement d'oublier des choses, mais l'expérience aidant, vous finirez par penser à tout.

Bien sûr, vous pourriez vous dire que vous verrez une fois arrivé ce que vous allez observer, mais il est tout de même préférable d'établir un programme. Si vous ne savez pas trop comment vous y prendre ou si vous n'avez guère de temps à y consacrer ou encore si vous ne savez pas trop si vos choix seront bien adaptés à votre niveau et à votre instrument, je vous conseille le logiciel Astrogenerator, un générateur de soirée d'observation.  Il est gratuit et simple d'utilisation.

Sinon, vous pouvez vous débrouiller par vous-même en utilisant un atlas ou une application sur smartphone, Stellarium, par exemple. Vous trouverez de nombreuses applications ou logiciels gratuits sur toutes les plateformes et de nombreux tutoriels sur internet.

Le lieu où j'observe habituellement se situe loin de toute ville ou village, sur une hauteur où j'ai une vue dégagée à 360°.

Il faut éviter (dans la mesure du possible, bien sûr) la pollution lumineuse, les lampadaires des villes, même lointaines. Ici (dans le Morvan) j'ai la chance d'avoir un beau ciel bien sombre, à condition d'aller sur se site. Si je restai dans mon petit village, avec un lampadaire d chaque côté de chez moi, je pourrais observer beaucoup moins de choses.

Il existe des cartes de la pollution lumineuse (voir ci-après). On voit sur celle-ci qu'il ne suffit pas de s'éloigner « un peu » d'une grande ville, car son éclairage crée un halo qui envahit le ciel et qui se voit à une distance importante. On voit qu'il reste bien peu d'endroits exempts de cette pollution. Il existe cependant des « réserves » où les éclairages sont, non pas exclus mais contrôlés pour que puissent vivre en harmonie, côte à côte, les astronomes amateurs et les néophytes.

Une autre cause de pollution lumineuse, qui revient régulièrement, c'est la Lune. Du premier au dernier quartier, celle-ci est tellement lumineuse qu'elle masque une grande partie des étoiles et des objets du ciel profond. Grosso modo, la moitié du mois, l'observation, en tout cas dans la partie où se situe la Lune, est difficile. Ce seront ces moments que l'on privilégiera pour l'observation de celle-ci et des planètes. Cependant, durant toute cette période, la Lune n'est pas présente toute la nuit. Profitez donc de ses moments où elle n'est pas encore levée (ou déjà couchée) pour mener vos observations à votre guise. Donc, se renseigner sur ses heures de lever et de coucher est un élément qu'il convient de prendre en compte.

Nous avons vu qu'il fallait tenir compte des phases de la Lune. C'est là un évènement parfaitement prévisible et bien renseigné par les applications dédiées. Mais il est un autre élément dont il convient de tenir compte : la météo. Or, on sait que celle-ci est variable et quelque peu imprévisible.

Une séance d'observation dure deux, trois heures, voire toute la nuit pour les plus courageux. Rien n'est plus rageant que de se préparer pour une nuit pour s'apercevoir au dernier moment que ce sera impossible. Pour se prémunir contre ces aléas, on utilise donc des sites spécialisés. On évitera météo France, trop général et trop peu fiable.

Je vous conseille Météoblue, Sat24 ou Ventusky ( https://www.meteoblue.com/fr/ ; https://fr.sat24.com/fr/fr ; https://www.ventusky.com/ ). Ces sites offrent non seulement des cartes de la couverture nuageuse sur votre lieu d'observation, mais également des tableaux, heure par heure, montrant la transparence du ciel et le « seeing », qui mesure la turbulence atmosphérique. Avec les observations menées trop bas sur l'horizon, ces deux derniers points sont les causes des difficultés (voire des impossibilités) de mise au point à de forts grossissements. En pratique, on se contente de valeurs « acceptables », déjà bien contents de ne pas avoir de nuages.

Plus on s'éloigne dans le futur, moins leurs prévisions sont fiables, mais en faisant des comparaisons on arrive à avoir une idée assez fiable. Et en dernier ressort, il convient de consulter ces sites dans les heures précédents l'observation. Il arrive bien souvent qu'un ciel se dégage en cours de soirée alors une dernière vérification n'est pas inutile.

Si possible, il est préférable d'arriver sur le site alors qu'il fait encore jour. La première chose à faire est de sortir son télescope pour le mettre à température (comme le vin?!). En fait, le miroir, principalement le primaire, se déforme légèrement en fonction de la température et si on se lance dans l'observation sans attendre, le télescope ne sera pas réglé correctement.

Une fois ce dernier monté et installé (je parle ici uniquement des dobsons qui n'ont pas besoin de mise en station), la première chose à faire (tant qu'il fait jour) est de régler l'alignement du chercheur avec le télescope. Viser un point terrestre, la pointe d'un arbre, un poteau et le placer au centre de l'oculaire du plus faible grossissement que vous possédez (24 mm par exemple) et ensuite régler le chercheur pour amener la cible en son centre. C'est une opération essentielle, sans laquelle vous aurez beaucoup de peine à viser correctement les objets que vous cherchez.

Ensuite, disons, au bout d'une heure environ, vous pourrez effectuer la collimation qui réglera l'alignement des deux miroirs avec l'oculaire. Alors, vous serez prêts à vous lancer dans l'aventure !

Laissez le temps à vos yeux de s'habituer à l'obscurité et attendez que le ciel soit bien sombre. Ne vous précipitez pas, les étoiles vous attendront.

N'observez pas trop bas sur l'horizon non plus, la turbulence y est plus forte et la qualité des images que vous obtiendrez s'en ressentiront. Elles seront floues et tremblotantes, c'est normal ! C'est au zénith que le ciel est le plus clair et transparent, mais là un autre problème se pose, on a le cou cassé dans une position difficile. Disons qu'à partir de 45° jusqu'à 75°, vous serez plus confortables et il y aura encore beaucoup de choses à observer.

Ce n'est pas toujours possible, en ce moment Mars, Saturne, Jupiter sont assez bas dans le ciel ce qui rend leur observation plus compliquée mais c'est tout de même un enchantement d'aussi lointains objets (les satellites de Jupiter, par exemple) même avec un modeste instrument comme le mien (200 mm).

J'espère que tous ces petits conseils vous seront utiles et vous aideront dans vos premières observations. J'aborderai plus en détail par la suite certains points qui peuvent sembler complexes aux débutants : la collimation, par exemple.

Ne vous étonnez pas si je ne vous parle pas de la mise en station, par exemple. Possédant un dobson, je n'en ai pas besoin et c'est un sujet que je connais mal. Si par la suite, j'achète une monture motorisée pour faire de l'astrophoto, alors ce sera un sujet que j'aborderai à ce moment-là…

Bonne observation à tous (et toutes)…